dimanche 26 avril 2009

Elche

Photo n°1 du grand jeu concourt intitulé "Vacances de février", voici Elche, un patrimoine mondial de l'humanité à, à peine, 30 minutes de Murcia. Que diriez-vous de faire un petit tour dans une ville où sont plantés pas moins de 200 000 palmiers?
J'ai eu la chance d'aller deux fois à Elche durant ces vacances. Une fois avec mes parents et la deuxième fois avec Dawn et Vir. Tout ce petit monde était venu chercher en Murcie le soleil qu'il n'avait pas en France. La première visite se fit de jour et la deuxième tardivement après une après-midi à Alicante.

Le voyage vaut le détour. Vous pouvez passer plusieurs heures à vous balader au milieu d'une véritable forêt de palmiers. Tout est construit au milieu des palmiers, du terrain de basket, jusqu'aux églises, en passant par les écoles et autres édifices de la ville. De magnifiques jardins comme El Huerto del Cura (Le verger du curé) vous permettent d'admirer toutes sortes de cactus, de fleurs, de fruits, carpes, paons, fontaines... L'endroit est féerique.

Si vous aimez ça, vous pouvez goûter aux dates produites par ces palmiers. Ce fruit savoureux semble être à l'origine de la culture intense de ces plantes (oui, j'ai appris que le palmier n'était pas un arbre!). Et si la dégustation des dattes ne vous suffit pas, je connais une bonne petite chocolaterie, Avinguda del païs Valencià, où l'on peut tremper de succulents churros dans un délicieux chocolat chaud façon espagnole. Un vrai bonheur! Si vous êtes un peu curieux, cachées dans un petit local de la ville, vous pourrez apercevoir quelques dames en train de tresser les feuilles de palmiers pour confectionner toutes sortes d'objets artisanaux.

Pour finir, surtout ne loupez pas la visite de la Basilique Sainte Marie! Non pas pour l'église en elle-même, mais surtout pour la vue sur la ville, qu'elle offre du haut de son clocher. Où que votre regard se pose, il y a des palmiers. Si, en plus, vous avez la chance d'avoir le soleil pour faire briller les coupoles recouvertes de céramique colorées de la ville, alors vous serez comblés.












En ce qui me concerne je compte bien y retourner d'ici peu de temps car les musées que propose la ville semblent très interessants. Alors, avis aux amateurs?

samedi 25 avril 2009

El entierro de la sardina

Après un petit passage d'un peu moins de deux semaines à Toulouse me revoici en direct de Murcia! Je suis revenue exprès deux jours plus tôt que d'habitude afin de pouvoir vous faire découvrir ce qui va suivre, j'ai nommé:
"El entierro de la sardina"
qui dans sa version française donne "l'enterrement de la sardine". N'ayez crainte, aucun de mes amis ne s'appelait Sardine et ce qui va suivre est plus proche du carnaval de Rio que d'une célébration funèbre. Samedi 18 avril, le lendemain de mon retour en train (qu'il faudra que je vous raconte d'ailleurs), me voilà partie, vers les 8h du soir, en direction du centre de Murcie sans vraiment savoir ce que j'allais y trouver. J'avais vaguement assisté pendant les vacances de Février, en compagnie de mes deux chères-ex-collègues de château-Arnoux, Dawn et Vir, à un enterrement de la sardine du côté de Tolède. Je m'attendais donc à quelque chose dans le même acabit, c'est à dire un petit défilé sympathique de quelques personnes déguisées et hautes en couleur suivi d'un faux enterrement ou les gens font semblant de pleurer et ou ça sens la sardine grillée à des kilomètres à la ronde!

Mais comme on peut le lire sur le site de l'office de tourisme de Murcie, les fêtes de printemps, qui durent donc pendant toutes les vacances de Pâques (Oui, ils aiment bien les fêtes qui durent ici), à Murcie, sont déclarées d'intérêt touristiques INTERNATIONAL! J'aurais donc du me douter que l'évènement serait d'une tout autre dimension. J'arrive à me garer assez facilement du côté de l'université où je prends mes cours d'espagnol! Bizarre, il ne doit pas y avoir tant de monde que ça en ville. Puis, le parcours du défilé en main, je me dirige à pied vers la plaza Juan XXXIII où la procession doit prendre fin. Quel ne fût pas mon étonnement, en approchant de la place, de ne voir aucune voiture circulant! ¿Que passa?

En fait tout le centre de la ville est bouclé par des barrières et devant moi s'étendent à l'infini des chaises en bois, les unes à côté des autres, le long de la longue avenue menant à la Plaza Circular! Pour le moment pas grand monde. C'est vrai qu'il n'est que 8h30 et que le défilé commence à 9h à l'autre bout de la ville. Pourtant quelques familles se réservent déjà précautionneusement quelques places assises. Je décide de pousser plus loin mon exploration tout en suivant, à l'envers, le parcours emprunté par le fameux cortège. Mon plan ne me sert pas à grand chose. Il me suffit de suivre les milliers de chaises balisant le parcours.

Je passe la Plaza Circular, où de nombreuses baraques à chourros et autres douceurs espagnoles me font frémir les narines, pour m'enfoncer un peu plus dans la ville. Sur l'Avenida de la Constitución la foule entassée est impressionnante. D'ici, de là, des estrades en fer ont remplacé les frêles chaises en bois. Je continue plus en avant.

Les marchands ambulants, poussant leurs carriole, tentent de se frayer un passage à travers la foule. Je suis abasourdie. Un vacarme incessant rempli le fond de l'air printanier. Je sors mon portable pour faire entendre cette folie à Isa si loin de tout ça à Toulouse. Les gens rigolent, mangent, boivent... Un garçon passe avec une barbapapa dans la main. Je cherche du regard l'endroit où je pourrai moi aussi m'en offrir une. La friandise cotonneuse en main, je décide de retourner à mon point de départ afin de me trouver un endroit propice à l'attente du défilé.

Au passage de la Plaza Circular, je ne peux pas résister à goûter aux fameux buñuelos dont on m'a dit tant de bien, puis revenue à la Ronda Levante, je décide de m'asseoir à côté d'une petite famille espagnole avec poussette et enfants à la clef. Il est maintenant aux alentours de 9h30, combien de temps encore avant l'arrivée des protagonistes? Le programme déniché sur internet annonce une fin vers 1h du matin. Étant placée un peu avant l'arrivée, j'espère au fond de moi ne pas avoir à attendre encore 3h! Le temps passe, au son des pétards jeté par quelques gamins excités, pendant que j'observe, amusée, la patience de mon voisin, père d'une famille de trois filles, dont une passe son temps à crier papa, papa!

Les vendeurs ambulants se pressent de plus en plus, stoppent de temps en temps à l'appel d'un acheteur ou tout simplement à cause de la fatigue accumulée à pousser leur chariot, chargé à bloc, depuis plusieurs heures. Une voiture passe! 10h30, des gens en patin à roulette font leur apparition. Tout d'un coup ils se mettent à jeter des mini-peluches au enfants. Les spectateurs accourent vers eux pour avoir la leur. On se croirait au tour de France. Le camion publicitaire IKEA passe suivie à la trace par tous ceux qui n'ont pas réussi à avoir leur peluche. Une camionnette envoie quasiment sur mes genoux un bob Gaz Natural! C'est toujours ça de gagné, même si à cette heure avancée de la soirée je n'en vois pas de suite l'utilité.

Derrière ce petit amuse gueule (oui parce que vous verrez ça ce n'est que le début du début!) d'autre patineurs offrent des sacs en plastique, qui ont dix fois la taille de ceux de nos grandes surfaces, à tout le monde. Même les adultes accourent pour avoir leur sac plastique. Je rigole tranquillement assise sur ma chaise. Une patineuse, qui ne doit pas comprendre pourquoi je ne tends pas mes bras pour avoir un merveilleux sac plastique estampillé Caja Murcia, me force à en prendre un!!! De plus en plus bizarre cette fête! Pour avoir l'air moins bête avec mon sac vide et mon bob sur la tête, je décide de mettre ce dernier à l'intérieur du premier.

Puis fini les cadeaux! Mince alors, ça valait bien la peine de me donner un si grand sac si s'était juste pour y mettre un affreux bob bleu marine! Quelques voitures anciennes passent suivies de celles de la police locale. Des gars, avec des têtes de videurs de boite, arrivent devant nos chaises puis se mettent à vendre des tickets que tout le monde s'empresse d'acheter. Pensant avoir à faire à une tombola, je les laisse repartir et demande alors à mon voisin pourquoi il a acheté les billets: «Es para la silla» me répond-il. Oups! «¿No ha pagado?» Ben, non, je ne savais pas qu'il fallait payer la place!

C'est alors que commencèrent les défilés de chars en tout genre, orchestres, majorettes, diables, danseuses de carnaval avec plumes (que mon voisin n'arrête pas de vouloir photographier), géants en échasse, personnages au chapeau pointu (typiques de cette fête), peluches vivantes géantes, dragon chinois, dinosaures taille réelle, manèges roulants, vélos excentriques... et j'en oublie encore sûrement.

Le char portant la sardine clôture alors ce long défilé qui aura duré plus d'une heure. Les gens commencent à se lever de leurs chaises. Il n'est que 11h30. Pour un évènement censé se finir à 1h, ça me semble un peu tôt! Au loin un attroupement se forme. Tiens, un tracteur tirant une remorque se fret un chemin parmi la foule. Les gens autour de moi se pressent vers le camion. Que se passe-t-il? Des ballons de football volent du camion vers les spectateurs. Je commence à comprendre. Les gens ne se sont pas levés parce que c'était fini! Ils se sont levés parce que la fête ne fait que commencer! Le tracteur arrive à ma hauteur. Tout le monde est debout. Une demi douzaine d'homme sur la remorque piochent dans de grands sacs les objets qu'ils lancent ensuite au public. Je nage en plein délire.

De chaque côté de la remorque six autres garçons, flanqués de torches enflammées, tiennent la foule à distance des roues du cortège. Je n'ose plus bouger. La foule s'entasse. J'essaye de tendre les bras dans l'espoir de récolter un beau ballon de football pour Rafa, sans vraiment trop y croire vu la taille et la carrure des espagnols en délire autour de moi. Rien! Tant pis. Quelques secondes après un autre camion suit. Comme j'aimerais l'avoir ce beau ballon avec une sardine et "Entierro de la sardina" dessinés dessus. Je n'ose me confronter aux brutes qui m'encerclent. Mais voilà qu'un ballon tombe tout cuit à mes pieds! Il s'agirait de ne pas me le faire chipper. Je m'accroupi. OUiiiiiiiiiiii! Il est pour moi. Il part rejoindre son ami bob dans le sac de ma banque espagnole préférée. L'excitation du moment prend le dessus. Il y a tellement de cadeaux qui volent dans les airs que ça donne envie de les attraper. Je tente une avancé dans le gros de la foule. Impossible de rester sur place. Je suis bousculée, jetée par terre, je me relève, je suis emporté avec le char au milieu des espagnols en furie. Trois poupées imitation Barbie arrivent dans mes mains, plus tard un chat qui marche et qui miaule rejoint mon butin. Ce delirium va durer jusqu'à minuit et demi. Mon sac, que j'avais trouvé d'abord inutile, va se remplir en moins d'une heure de divers objets aussi inutiles que bizarres, tous made in China! Certain espagnols ont leur sac rempli avec 5 ou 6 ballons de football! La voiture balai ferme la marche. Ouf! Je vais pouvoir respirer.

La pluie commence à tomber. La foule s'éparpille. Je suis le gros de la troupe en espérant qu'il va me mener à l'endroit où l'on brûle la sardine et où se produit le feu d'artifice prévu à 1h15. Arrivée au bord du Rio Segura je prends la direction de la mairie, dans les environs de laquelle doit se dérouler la cérémonie. J'arrive finalement en avance, mais en retard par rapport au feu d'artifice qui a déjà commencé, sans doute à cause de la pluie. Le spectacle est superbe. Les vieux bâtiments du quartier prennent toute leur majesté à la lumières des explosions colorées qui se reflètent dans la rivière, au centre de laquelle nage la fameuse sardine de la ville de Murcie. Quelques mètres plus loin un gigantesque bûcher se consume au beau milieu d'un carrefour. Je m'approche, les restes d'une sardine géante finissent de brûler. Quelques minutes plus tard une paire de Bomberos éteindront le feu à coup de lance à incendie pour qu'alors je puisse rentrer tranquillement chez moi en ayant gagné non seulement un sac rempli de cadeaux mais aussi une tête remplie de super souvenirs.